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Nous étions revenus, la guerre était finie
J'étais petit garçon, et j'allais à l'école
C'est là que je suis né, c'est là· que j'ai grandi
La mer était tout près avec ses vagues folles
Le dimanche on buvait de la Prim'rose
Dans la Vallée des Roses
Au creux des grandes dunes, j'étais Géronimo
Devant moi détalaient les bisons de garenne
Quand je perdais mes billes au sable des châteaux
Une humble ménagère m'en offrait en étrennes
D'y penser aujourd'hui ça me fait quelque chose
Dans la Vallée des Roses
Il m'arrivait le soir de courir le quartier
L'herbe pour les lapins poussait sur les décombres
Un marin à vélo rentrant de travailler
Me prenait par la main, je marchais dans son ombre
Sa journée est finie, il se repose
Dans la Vallée des Roses
Dans le pays flamand on sait rire et danser
Et chansons en patois et refrains à la mode
Au bal à Jérémie les couples chaloupaient
La boule de cristal fait des ombres commodes
L'accordéon jouait "La Vie en rose"
Dans la Vallée des Roses
J'y retourne parfois mais j'y perds mon latin
Jusqu'au creux de mes dunes poussent des H.L.M.
Les jardiniers d'ici ont vendu leurs jardins
Le bal à Jérémie a fermé ses persiennes
Barman, remettez-moi une autre Prim'rose
Pour la Vallée des Roses
J'ai peu connu mon père
Mais c'était un marin
Son père et son grand'père
Ont montré le chemin
Je crois que mes ancêtres
Etaient des voyrageurs
Patrons ou quartiers-maîtres
Des oiseaux migrateurs...
Voilà mon héritage
Des bottes de sept lieues
Avec dans mes bagages
Une envie de ciel bleu
S'envoler de la branche
Pour aller voir ailleurs
Revenir un dimanche
En oiseau migrateur...
Avant que je n'embarque
Pour des pays lointains
Mes ongles sur les cartes
Ont tracé le chemin
Je ne crains pas les bêtes
Et rien ne me fait peur
Je brave la tempête
En oiseau migrateur...
Si dans ma descendance
Il naît quelque marin
J'aimerais qu'il s'élance
Voyageur de demain
Il quitterait la Terre
Le corps en apesanteur
Et reviendrait peut-être
Bel oiseau migrateur...
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J'ai accroché mon hamac à bord
De l'"Augusto Montenegro"
Il quitte Belem dans moins d'une heure
Faut voir, c'est un sacré rafiot
Nous remonterons la rivière Amazone
Jusqu'à Manaos
Si la fièvre n'a pas pris mon cœur
Si le bateau n'a pas pris l'eau
J'irai au pays des singes hurleurs
Toujours plus haut, toujours plus haut
Je remonterai la rivière Amazone
Jusqu'à la Source...
Je me suis fait hiberner à bord
De "L'Espoir des Cinq Continents"
Un vaisseau spatial tout en or
C'est l'espoir des cinq continents
Dans moins d'une heure il quitte la Terre
En emportant comme un trésor
Un bébé dans son landeau de verre
Adieu la planète des morts
Et nous remonterons le Temps et l'Espace
Jusqu'à Ganymède
Si mon corps n'est pas désintégré
Si le rafiot n'a pas pris l'eau
Je franchirai les millions d'années
Toujours plus haut, toujours plus haut
Je remonterai le Temps et l'Espace
Jusqu'à la Source...
J'ai plongé tout entier dans le corps
D'un microscope électronique
Me voici à l'envers du décor
C'est un panorama unique
Dans le scaphandre qui retrécit
Je m'entraîne vers les abysses
Je sais que nul n'est venu ici
Nul être humain, pas même Alice
Nous remonterons au creux de moi-même
Jusqu'au Neutron...
Si je me garde de la folie
Si ma capsule tient le coup
De plus petit en plus petit
Arriverais-je au fond du trou?
Je remonterai au creux de moi-même
Jusqu'à la Source
Mais qu'est-ce que t'as mis dans ma pipe?
Les Russes, les Chinois, les Anglais
Les Belges, les Ricains, les Slovaques
Les Arabes et les Alsatiens
Les Juifs et les Moldo-Valaques
Les Parisiens, les Milanais
Et les Indiens d'Amazonie
Sans oublier les Esquimaux
Bref, du beau monde, et j'en oublie...
Assis en rond, le cul par terre
Dans une ronde qui, comme dit l'autre
Pourrait faire le tour de la Terre
Et chanteraient à l'unisson
Une chanson tellement belle
Qu'elle nous ferait pleurer de Joie
Tu t'rends compte, si c'était possible
Mais quel grand Pied!
Mais qu'est-ce que t'as mis dans ma pipe?
Je viens de faire un drôle de trip...
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L'Univers est infini, comment l'imaginer
Autrement que dans nos rêves
Les Poètes ont pu toucher du doigt la Vérité
Mais la Vérité a brûlé leurs lèvres
Fini le temps des fusées, allez les raccrocher
Aux épines de la Rose des Vents
Bientôt vous voyagerez plus vite que la Pensée
Maîtres de l'Espace et du Temps
Magellans de l'Univers
Messagers de la Terre
Entendrez-vous ma prière?
Porterez-vous la Paix?
Porterez-vous la Guerre?
Magellans de l'Univers
De découvertes en conquêtes avec Dieu et la loi
Il n'y a qu'un détail historique
Et l'on a détruit, pillé, pendu "au nom du Roi"
Aussi "au nom de la République"
Oh vous qui voyagerez dans des vaisseaux de cristal
Portés par des courants mal connus
Laisserez-vous au rencart vos armes, tout l'arsenal?
Vous présenterez-vous les mains nues?
Enfant j'étais déjà un loup de Terre
Je parlais de la Mer aux autres enfants
Mais on peut voyager comme l'on ment
Quand on vit dans une cage
On peut mentir comme on voyage
Chante le vent
Danse la Mer
Je vire et je mens
Je suis un loup de Terre
J'ai voyagé pour vérifier mes rêves
J'ai noyé des alcools, repêché des cœurs
Chaque instant porté son petit bonheur
Avec le cœur au bastingage
On peut aimer comme on voyage
La Mort est un bateau aux bas résille
Qui appareillera peut-être demain
S'il nous faut partir, que ce soit en marin
Quand on arrive au bel âge
On peut mourir comme on voyage
C'est du sommeil que je tisse
Blanche, lisse, et rouge au cœur
La Fleur
C'est du sommeil qu'elle monte
De tous les jardins du monde
La Fleur
Elle me dit la Merveille
Et va toucher le Soleil
Au cœur
Je veux chanter à tue-tête
A tue-gorge et à tue-cœur
La Fleur
C'est de ma nuit où je veille
Qu'elle monte, la Sans-Pareille
Ma Fleur
Au front de ceux qu'on fusille
Pose une bouche de fille,
De sœur
Elle grandit par saccade
Tombent prisons, barricades
En chœur
Et les prisonniers candides
Font une ronde où préside
Ma Fleur
A l'O.N.U., c'est unique,
Les délégués en tunique
A fleurs
Arrosant d'une main douce
Le gratte-ciel où elle pousse
La Fleur
Ont décrété sans mystère
Qu'on bombarderait la Terre
De fleurs
Que de Paris à Shanghaï
Commencerait la bataille
De fleurs
C'est du sommeil que je tisse
Blanche, lisse, et rouge au cœur
La Fleur
C'est du sommeil qu'elle monte
De tous les jardins du monde
La Fleur
Elle me dit "Je t'appelle
Je t'annonce la Nouvelle
Dis-leur"
Elle me dit la Merveille
Et va toucher le Soleil
Au cœur
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